Tout en assumant la condition de témoin et de voix de l’exil roumain, Monica Lovinescu déstructure l’univers, vu dans sa dimension interculturelle, par le truchement de l’éthique de la révolte, et emprunte de l’imaginaire politique ces symboles particuliers qui peuvent décrire le monde, à travers un voyage infini parmi les espaces fictionnels, entre les utopies de l’espoir et les dystopies de l’anéantissement. Le discours critique y devient un tissu d’éléments rationnels et irrationnels, où l’on retrouve également ces mythes de l’identité d’une certaine communauté et d’un espace d’exil, mais aussi de la formation de soi. Monica Lovinescu confronte l’Est et l’Ouest, à travers un dialogue culturel durant quelques décennies, tout en commentant des livres parus sur le territoire roumain ou dans le monde où elle a choisi de vivre, sans se proposer de choisir entre l’intellectuel qui soutient, par sa retraite intérieure, toute sorte de violence, celui qui participe aux jeux du pouvoir, d’une part, et le constructeur d’univers fictionnels, situé dans une position similaire, d’autre part.