Lire en fonction du système des attentes de l’époque auquel on a accès par les normes spécifiques, reconstituer l’horizon d’attente en rapport avec lequel l’oeuvre a été créée et reçue ou nous approcher de l’univers du lecteur actuel, en mettant en balance l’idée du succès de l’oeuvre et l’idée de la valeur, en réconciliant de manière postmoderne les niveaux culturel et trivial, académique et de consommation?

Le roman roumain du XIXe siècle, par exemple, recouvre des types romanesques puissamment influencés par l’époque tels que: le roman historique, les mystères et le genre mélodramatique. La structure interne du roman de cette période reflète le climat de dialogue culturel avec le roman-feuilleton qui attise l’attention du public et satisfait ses attentes. Les éléments qui y contribuent sont liés à un ,,pattern” propre à l’époque, une dose de terrifiant et de ténébreux, les traîtrises, les travestis, les coïncidences, les complots mélodramatiques (qui font partie d’outils du roman européen traditionnel), le portrait-type, influencé par les physiologies de l’époque, ainsi que d’autres éléments spécifiques aux effets romantiques.

Le critique avait déjà abordé le rapport groupe social-auteur et son influence sur l’essor du genre dans une étude introductive qui précède un volume de « sociologie du roman roumain ».

Le problème est donc d’obtenir une sorte de modèle analytique mettant en valeur les indices formels par lesquels une écriture se signale comme telle pour le lecteur, comme dans le roman populaire analysé par Umberto Eco, De superman au surhomme,1993, où on pose le problème de la vie des textes qui traversent les siècles grâce au dialogue implicite ou explicite qu’ils entretiennent, en même temps un discours dominant d’une époque qu’un effet de la mémoire littéraire qui permet à de tels textes de survivre .