Le pouvoir totalitaire déconstruit dans le texte de Zamiatin est intéressant pour le monde contemporain dans la mesure où on pose le problème de la vulnérabilité de l’intellectuel envers le Pouvoir, de
son désir de diriger des destinées humaines, mais surtout de sa vanité dans la proximité du pouvoir absolu, soitil d’extrême droite ou gauche. Son aventure devient « une variation socio dystopique où le décor de l’eutopie » se transforme en prison – cauchemar. L’échec, la désillusion radicale, habillent les vêtements du monde refusé, tout en permettant le rapprochement entre les niveaux de la réalité fictionnelle et ceux de la réalité extrafictionnelle de la structure profonde du texte fictif. La littérature de la pensée captive projette la liberté de choisir comme une crise douloureuse, en analysant l’art de la mystification, de l’auto-illusion. Le refus de la réalité donne naissance à des projections imaginaires du monde, nées dans le corps même de la réalité.