Dès le début du XIXe siècle, dans les milieux culturels roumains se manifeste l’intérêt pour la synchronisation avec la grande culture européenne. Les personnalités qui animent les premières publications en langue roumaine construisent, dans les articles-programme dont le but fondamental est de justifier la nécessité d’une presse nationale, tout un édifice argumentatif qui fait surgir l’image d’une Europe illuminée, utopie encyclopédique ayant le « foyer » dans la France des Lumières, l’espace culturel qui avait « fourni », d’ailleurs, aux intellectuels roumains, les premiers journaux circulant dans les pays roumains dans le siècle antérieur. Comme l’avait souligné Adrian Marino (Pour l’Europe, 1995), dans les premières décennies du siècle, avant 1848, les idéaux illuministes ont interféré avec ceux romantiques: « notre participation culturelle-littéraire à l’Europe se consolide et devient maintenant dominante ». Après 1848, lorsque « Europe » devient aussi un modèle politico-idéologique, et qu’au « pôle » français s’ajoute le modèle allemand, la culture roumaine entière, telle que les principales publications le reflètent, a une orientation et un contenu absolument européen, malgré les tendances critiques qui s’opposent aux emprunts occidentaux dans l’absence d’un « fond » national adéquat.