Roman écrit vers la fin de la vie de l’auteure, Emily L. est le livre d’une femme qui voudrait écrire un livre sur l’amour et sur sa mise en écriture, un livre où « l’écriture de la passion » est doublée de la « passion de l’écriture » convertie en thème majeur de la méditation autoréflexive, où « il n’existe pas de dichotomie entre le dehors (je vis) et le dedans (j’écris) ». (Blot-Labarrère 2005, 41) À travers l’écriture de l’intimité, qui « pose le mode de communication féminin fondé sur l’expression de l’intime et des émotions […] comme arme de destruction de la pensée dominante » (Daussaint-Doneux 2005, 131), Marguerite Duras dévoile l’intimité de l’écriture. De ce point de vue, en analysant le « texte-énigme » durassien en tant que « corps-écriture », Raynalle Udris le mettait en relation d’équivalence métaphorique avec les personnages féminins de l’écrivaine, en montrant en quelle mesure la « pratique de la perte du sens comme stratégie d’écriture est renforcée par la désintégration de la fiction recentrée autour de la présence-absence du personnage féminin ».