L’Arménien Arşavir Acterian avait, au moment de son début littéraire, 85 ans; et c’est l’âge qui lui a permis de connaître l’atmosphère culturelle cosmopolite, largement ouverte vers l’Occident, de la Roumanie de l’entre-deux-guerres, ainsi que la période communiste et postcommuniste. Arşavir Acterian fait partie d’une génération perdue d’intellectuels roumains (la génération des années 1927), dont la survivance identitaire a été rendue possible par la culture.

Dans son Journal, il fait l’éloge de ses amis, écrivains juifs, roumains, arméniens et, parfois, décrit la communauté arménienne de Roumanie. Même s’il adhère temporairement (pendant les années 1940) à la Garda de Fier (formation politique nationaliste roumaine), il reste fidèle à ses options et à ses modèles culturels et littéraires : Montaigne, Pascal, Valéry etc., et à ses amis : Virgil Gheorghiu, Mircea Eliade (Roumains), Nicolae Steinhardt, Mihail Sebastian, B. Fundoianu (Juifs), Siruni, Bogdan Căuş (Arméniens). C’est ainsi qu’il peut garder son identité et sa liberté spirituelle, surtout pendant la période communiste qui a uniformisé jusqu’à anéantir l’identité individuelle.