Le temps et l’espace sont essentiels dans l’oeuvre fantastique. A travers le chronotope romanesque, l’aventure du héros-contrôleur se définit comme une transgression. L’espace fantastique reste cohérent, homogène, il crée l’illusion de la réalité, même s’il consiste dans des endroits privilégiés, symboliquement ancrés dans un autre monde. En remontant à « il était une fois” des contes de fées, le temps fantastique souffre de nombreuses distorsions, saisies en tant que telles par le héros qui pense autour de l’horloge aux données du monde réel. Le temps s’organise sur plusieurs plans : il y a un temps de l’expérience, un temps de la narration, un temps de la ré-narration. La distorsion fonctionne justement à ces niveaux temporels. En comparant Cavalerul de Malta par Washington Irving, La Hanul lui Mânjoală par I. L. Caragiale et Pe strada Mântuleasa par M. Eliade, on observe que la perception du héros change, se rapportant soit aux éléments de la légende, soit aux faits vrais. Dans d’autres situations, la modification de perception s’accorde avec l’effroi, le rêve, l’hallucination, comme dans Moara lui Călifar par Gala Galaction, Taina în care s-a pierdut Sonia Condrea, Nopţi la Serampore, etc. Cette modification de la perception est éprouvée lors de l’équinoxe, quand le sacré devrait se révéler – pendant la nuit, durant une fête, le lendemain de la fête. Le fantastique est donc né sur le fond de l’opposition entre un espace connu et un temps que s’ouvre au sacré ou au maudit, grâce à la perception subjective de l’ego.