Si le merveilleux garde les espaces privilégiés où le sacré se revèle instantanément, le fantastique propose un espace homogène, où les révélations ne sont plus possibles. Les événements transgrésifs
transforment ces espaces en leur ajoutant une charge sentimentale. Il s’agit de la monastère et de l’église (empruntées du merveilleux), de l’auberge, de l’estaminet, du chateau, de l’île, de la bibliothèque ou de toute une rue. Tous ces espaces cultivent l’illusion de la réalité (l’île, la forêt, Shambala de la bibliothèque, la cave, l’auberge), et il faut leurs ajouter la ville, surtout la métropole, qui sont les espaces de l’Autrui, regardés avec peur car ils ne se laissent pas assimilés au naturel. Il s’agit des espaces étranges et aliénantes, où tout est possible, car ils sont lointains et il n’y a aucun souvenir qui puisse le rattacher au univers connu.