Le succès des discours politiques dépend largement des premiers mots que les politiciens prononcent devant l‘auditoire auquel ils s‘adressent. En manipulant les pensées, la conduite et les actions de l‘audience – c‘est-à-dire en la persuadant ou en la dissuadant de la légitimité d‘une certaine idéologie, en la captant ou en l‘incitant à (ré)agir – il faut toujours que cette audience soit d‘accord avec le locuteur et attentif et réceptif au discours. Si l‘audience ressent dès le début du discours qu‘elle est déconsidérée par le locuteur, ou bien que ses origines ou domicile sont sous estimés, ou bien que l‘occasion avec laquelle ce discours est prononcé est sans importance pour l‘orateur tandis qu‘elle sent le contraire, il est très probable qu‘elle perde l‘intérêt au sujet de ce qu‘on communiqué. Bref, si l‘homme politique ne possède pas ce qu‘on appelle généralement considération de l‘audience, il perd sa crédibilité et son message ne sera jamais saisi par l‘auditoire. Afin d‘éviter une telle situation indésirable et afin de montrer à l‘audience qu‘ils sont bien ancrés dans les réalités avec lesquelles elle se confronte, au début de leurs discours les hommes politiques font souvent recours à un subterfuge rhétorique appelé par Giambattista Vico des circonstances collatérales. Dans son , «Art de la rhétorique », il énumère les circonstances collatérales de la place, du temps, des sujets et des personnes. (Vico, 1996: 71) Notre article analyse les fragments introductifs de vingt discours politiques célèbres prononcés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis au cours du temps où le subterfuge rhétorique des circonstances collatérales des personnes veut stimuler le sens esthétique de l‘auditoire et réduire la distance entre le locuteur et l‘auditoire, de sorte que sa disponibilité à écouter soit considérablement augmentée ainsi que son désir d‘accepter l‘idéologie que le locuteur transmit à travers son discours.