Une fois finie la Seconde Guerre Mondiale et installé le régime communiste, la littérature acquerra un rôle bien déterminé dans la propagande politique, jouant le rôle de “véhicule” chargé de la propagation de la nouvelle idéologie. Elle devait mobiliser les masses pour participer à l’édification du nouveau monde et soutenir le pouvoir politique par des créations élogieuses dédiées aux dirigeants et au parti, oeuvres caractérisées très souvent par la précarité des idées enveloppées dans des clichés linguistiques ridicules. Le modernisme occidentalisant est condamné à l’époque du Proletkult; il est accusé de formalisme, d’esthétisme, d’hermétisme, de cosmopolitisme, de décadentisme, autant des réminiscences de l’esprit bourgeois. Les poètes du Proletkult estiment “difficile” et “risqué” d’écrire sur l’amour, sur la bien-aimée, sur ses sentiments intimes ou sur leur propre bonheur. L’amour est presque toujours représenté comme un calcul rationnel, la bien-aimée – une brave ouvrière, la seule variante acceptée étant l’amour partagé, victorieux. Les accents de tristesse, de déception, d’angoisse semblaient être interdits pour un héros de la classe ouvrière qui ne pouvait pas être contrôlé par la faiblesse et qui ne pouvait pas se permettre le luxe du romantisme ou de la mélancolie. Le héros de la poésie de propagande est un type d’action, jamais un méditatif ou un rêveur. D’une manière contradictoire, l’expression des sentiments et des pensées était austère, entièrement impropre à la poésie (lyrique) d’amour.