Le roman « La dernière nuit d’amour, la première nuit de guerre » de Camil Petrescu, de même que « La Forêt des pendus » de Liviu Rebreanu, en étant objectifs par le matériel de départ, dévoilent la physionomie intérieure d’une époque historique, en essayant de saisir ce « souffle mystérieux et vital » qui donne juste le « rythme de l’existence ». En moulant dans la pâte humaine différentes catégories psychiques, les romans se croisent sur le vaste territoire de leur départ – la décennie qui suit la Première Guerre mondiale de notre littérature, la guerre étant devenue un thème favori par lequel les auteurs visent à présenter l’évolution d’un héros qui monte l’escaliers de son propre destin, suite au combat sur le front, aussi bien qu’aux ravages de la nature intérieure, la connaissance de soi étant la réponse des héros au défi du monde. Le roman de Liviu Rebreanu débute « ex-abrupto » avec l’introduction du protagoniste dans l’atmosphère de la guerre et des problèmes de consciences du
front, en contournant tant les années de formation que de la mort d’Apostol. Camil Petrescu est, à son tour, le premier écrivain roumain qui décrit la guerre comme une expérience directe, le journal de campagne de Gheorghidiu étant le témoignage d’un combattant et l’innovation d’un artiste qui confesse sa propre mutilation morale. Suite à l’expérience du front, les héros parviennent à dépasser la curiosité dévorante de l’inconnu, leurs événements se transformant en réflexions. Si les étapes de la connaissance de soi, définitive en guerre, offrent à Gheorghidiu la continuité dans le monde réel, Apostol Bologa se renferme en soi, « la connaissance de soi » signifiant la condamnation qu’il porte dans le monde présumé.